Historique

Le château du Bos est l’une des plus grandes « malouinières », ces vastes demeures construites au XVIIème et au XVIIIème siècle par les armateurs de Saint Malo. Elle a été édifiée entre 1715 et 1717 par les Magon, connus pour être de grands navigateurs et d’importants négociants de la région.

Depuis 2006, elle appartient à Monsieur et Madame Henry Robet, qui l’ont entièrement restaurée, ainsi que les communs et le parc, avec l’aide de la DRAC, du Conseil Général et du Conseil Régional, sous la supervision des Bâtiments de France.

A l’emplacement de la Malouinière du Bos se trouvait autrefois un manoir du XVIème siècle, composé d’une petite maison et d’un grand corps delogis. Alors qu’il tombait en ruines, sa démolition avait été autorisée, mais avec l’obligation de réutiliser les éléments récupérables, qui sont aujourd’hui visibles dans les communs du château.

 

Une architecture typique des malouinières

Le Bos représente avec La Chipaudière le type architectural de malouinière le plus accompli du Clos-Poulet au XVIIIème siècle.

L’entrée par le grand portail qui donne sur le mur d’enceinte montre l’harmonie très classique de la façade nord-est, agrémentée d’une légère saillie comme dans la plupart des malounières de ce type.Cette façade est surmontée d’un fronton triangulaire, qui était autrefois orné des armoiries des Le Fer de la Saudre. Celles-ci, détruites à la Révolution, ont été reconstituées dans le cadre d’importants travaux de restauration entrepris par Monsieur et Madame Henry Robet. Sur le bandeau de granit du fronton figure la date de construction (1717) et au-dessus de la porte, on remarque la tête de Mars, dieu de la guerre.

La façade sud-ouest développe un corps central en demi-cercle, surmonté d’un fronton triangulaire orné d’un mascaron représentant Eole, dieu du vent, et au-dessus de la porte-fenêtre Mercure, dieu du commerce. Ces allégories, souvent employées au XVIIIème siècle, évoquent les exploits de la famille Magon, qui comptaient de grands navigateurs, d’importants armateurs et de valeureux corsaires et hommes de guerre. Ce corps central est composé en partie de granit provenant d’une carrière exploitée à l’époque à Chausey, petite île de l’archipel normand. Du haut de ses dix-huit fenêtres, on peut admirer le grand tapis vert du jardin, qui descend en pente vers la Rance. Des statues représentant les quatre saisons, attribuées au sculpteur Coustou, ornent également le parc.

Les communs du château ont été construits en 1718, pour être destinés au service. Sur la façade sud-ouest, le linteau de la fenêtre centrale, au-dessous duquel figure la date de 1718, est sculpté dans une pierre de granit jaune provenant du vieux manoir.

La chapelle, enclavée dans le mur d’enceinte, a remplacé une chapelle primitive. Son cœur est richement orné de boiseries Louis XV, qui encadrent un tableau représentant Sainte-Anne avec la Vierge et Saint Joachim. Il fut exécuté en 1745 par Mathurin Baziray, un peintre régional, émule de Largillière (1656-1746). Les vitraux, contemporains, sont signés Mauméjean, grande dynastie de maîtres verriers du XIX ème et XXème siècle.

Côté Nord, à droite du grand portail d’entrée, se trouve un bâtiment arrondi, tout en pierre, qui servait autrefois de glacière. C’est le seul de ce genre qui subsiste dans la région.

 

Les salons

A l’intérieur, le salon est remarquable par sa forme ovale, très en vogue à cette époque. Il a été inspiré par le château de Champs-sur-Marne, dont les plans ont été établis par l’architecte Bullet de Chamblain. Ce dernier serait peut-être l’auteur des plans de la malouinière du Bos, mais les plans, comme ceux de la Chipaudière, manquent aux archives. En effet, après avoir travaillé pour la Cour de France, Bullet de Chamblain a offert ses services à la Cour de Suède et toutes ses archives sont restées dans ce pays.

Dans le salon, on remarque les boiseries à guirlandes Louis XVI et les quatre grandes glaces. Elles sont surmontées d’un délicat travail de boiseries, symbolisant, de part et d’autre de la porte-fenêtre, la musique de cour avec la marotte et la partition de musique. En vis-à-vis, on peut observer des colombes et des branches d’olivier, symboles d’amour et de paix, et un trophée d’armes, symbole de la guerre. En dessous, la cheminée en marbre de Carrare se distingue par un décor peu courant de têtes de boucs et de Méduse.

La salle à manger, avec ses boiseries Régence cirées, est typique de celles que l’on trouvait dans les hôtels particuliers de Saint-Malo et qui, pour la plupart, ont été brûlés au début de la seconde guerre mondiale. Le décor, dit « à la Bérain », sculpté dans la masse des panneaux de chêne, est remarquable. Le plafond, restauré à l’identique de celui du XVIIIème siècle, rappelle le plan d’un jardin à la française.

 

 

La route de la passagère…

– et l’Anse de l’égorgerie. La route sur laquelle est située la Malouinière du Bos évoque un fait divers dramatique, qui se serait passé dans la nuit du 7 au 8 décembre 1790. A l’époque, le passage par la Rance se faisait uniquement en barque. Les promeneurs utilisaient ce moyen de traversée, ainsi que les contrebandiers, les déserteurs et les émigrés clandestins. Un passeur d’une grande discrétion, répondant au nom de Carré, entendit un soir des bruits suspects aux abords de la cale. Il surprit deux hommes transportant un sac dont le contenu semblait cacher une forme humaine. Il voulut intervenir, mais les ayant perdus de vue il rentra chez lui. Le lendemain, le premier passager s’étonnant de l’absence du passeur, alla le chercher dans sa maison et découvrit le drame : Carré, sa femme et six de leurs filles gisaient égorgés. Seule, la septième avait réussi à s’échapper. Ces meurtres ne furent jamais élucidés, mais ils donnèrent son nom à la petite plage, que l’on appelle depuis l’« Anse de l’égorgerie ».